Kijaha Âge : deux ans et des poussières. Sexe : ♀ Race : hybrid content ; ces belles créatures divisées entre la moitié sauvage — le loup, l'ennemi des chaînes — et le chien. Particularités : tes prunelles grisâtres sont ta seule excentricité. Localisation : New York. Points : Agilité [150] & Force [150] Avant la fin : tu louvoyais dans les immenses terres de tes propriétaires, aux côtés d'un mâle — ton compagnon — et de tes précieux rejetons. Liens Hunter — compagnon De ton tendre amour, tu ne conserves qu'un souvenir fugace, recouvert d'une épaisse couche de poussière — celle des bombardements. Tu l'imagines mort, tout comme tes précieux mômes. Il n'en est rien ; il erre, tout comme toi.
| Une éraflure Un secret ; voilà ce que tu es. Un précieux songe — similaire à une ombre onirique — qui passe sur les chemins sans jamais s'y attarder. Toujours en mouvement, de peur que tes fantômes ne te rattrapent. Si, à leur naissance, tu les as aimé de tout ton cœur... Aujourd'hui, alors qu'ils sont morts, tu ne peux que les craindre. Terrifiée par leur jugement ; horrifiée par leurs questions. « Pourquoi es-tu toujours en vie ? » « Pourquoi nous as-tu abandonné ? » Tu es de ceux qui — même s'ils donnent le change face à leurs congénères — sont incapables d'oublier ce passé qui pèse sur leurs frêles épaules. De ceux qui, lorsque la faim les taraude, pensent un moment à ne pas combler le trou béant que sont leurs entrailles. S'il demeure le besoin pernicieux d'être pardonnée au creux de ta carcasse, tu n'es que trop méfiante pour laisser quiconque t'accorder la rédemption. S'il reste un morceau — même minime — de la louve que tu étais, c'est-à-dire la mère heureuse et comblée, dieu sait où elle s'est échappée.
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Sur ma peau Dans la rue — avant les bombes, avant la Fin — les enfants hurlaient « un loup ! un loup ! » et Argence, la maîtresse, abîmait son doux visage d'un sourire goguenard. Beaucoup te considéraient comme tel ; comme un fougueux canidé sauvage. Pourtant... malgré ce corps aux courbes de canis lupus, tu ne demeures qu'une fabuleuse copie. Un gêne déformé. En témoigne ses prunelles d'un anthracite trop peu commun pour appartenir à ces grandes silhouettes dans les forêts où tous craignent d'aller. Aussi, ce blanc pur qui colonise chaque parcelle de ton être ; créé de toute pièce. Un blanc sélectionné, encore et encore. Il ne pouvait être jaunâtre, ni crème. Seulement du blanc, sans tâches. Un squelette famélique qui hante les vieux trottoirs, sans réelle destination ; seulement l'ailleurs. |
J'ai gardé ta morsure
La douleur.
Celle-ci s’arrime à son corps, à son cœur. Elle s’insinue par tous ses pores et coule dans ses veines qui pulsent violemment ; sans qu’aucun mot — et encore moins de cris — ne s’échappe de ses lèvres désespérément fermées.
Non, Isodore s’emmure dans une courageuse aphasie. Pas un appel pour son mâle, coincé de l’autre côté de la porte. Lui, accompagné de son maître, demeure dans l’incertitude. Jusqu’aux premiers gémissements, synonyme d’un travail qui débute. Jusqu’à la dernière lamentation, celle qui annonce le combat achevé. Isodore, son labeur terminé, se risque à fermer les prunelles ; le temps d’une seconde, si ce n’est moins.
La maîtresse, restée à ses côtés dans un silence de nonne, se dépêche alors sur les minces silhouettes à la beauté toute relative. Pourtant, déjà, la femme s’épanche en douces paroles. « Isodore, ma chérie ! Regarde-les, ils sont magnifiques ! » Son visage s’abîme d’un sourire jovial. Ses phalanges — munies de gants — les quêtent un à un, avant de les déposer contre le ventre maternel d’où suinte une odeur douceâtre.
Tu y es ; si petite que c’en est criminel.
Minuscule, au milieu de quatre autres créatures qui te sont identiques. « Kijaha. » Déclare solennellement le maître. « Celle-ci reste avec nous. » Sa femme opine derechef. Bien sûr, le son de leur voix ne t’est pas inconnu. Elles résonnaient souvent, de l’autre côté ; c’était du temps où tu chahutais encore dans les entrailles de ta mère. Du temps où les sons n’étaient pas agressifs.
Tu n’as qu’une obsession, Kijaha — celle d’alimenter les battements saccadés d’un cœur tout juste apte à fonctionner. Les odeurs t’enivrent. La chaleur t’apaise. Tout de ce nouveau monde te fascine ; si paisible qu’il t’est impossible de ne pas l’apprécier.
eight weeks
Tout est changeant ; continuellement. Vous, notamment — sans cesse plus grands. Des mâles et des femelles, deux de chaque ; et, cinquième roue du carrosse, toi. Vous n’êtes obligés qu’à une chose : grandir. Continuer de développer ces membres potelés qu’ils engraissent à la pâtée — poursuivre l’œuvre de vos précieux géniteurs.
Le son du verre qui éclate résonne, souvent. Il annonce la couleur de vos jeux : noire, telle la violence. Les jappements agitent les corps grassouillets et se répercutent dans les spacieux jardins. Les quelques pots en terre qui abritent de belles fleurs colorées achèvent leur route sur les pavés crades de la terrasse.
Similaires à un cataclysme, vous dévastez tout.
twelve weeks
Quelques pleurs vous étranglent.
Mère et père, enfermés dans le jardin d’enfant qui est destiné à ne vous abriter que treize semaines, lâchent des cris douloureux. Ils y sont habitués, eux. Ils n’ont que trop conscience que leurs enfants sont destinés à être oubliés ; remplacés par la portée suivante. ucey