[FINI] Il faut savoir chasser pour survivre [Libre]

De la poussière flottait un peu partout dans les ruines, faisant froncer la truffe de Breeze. Ses griffes claquaient sur le sol bétonné du parking, brisant un silence pesant et angoissant.
La truffe en l'air, le jeune chien cherchait, à travers les relents d'odeurs âcres, moisies et poussiéreuses, le fumet de ce qui ferait son repas du jour.
Il entendait de-ci de-là les couinements des rongeurs cachaient dans les voitures, entre les murs, sous les ruines.

Son ventre émit un gargouillement bruyant, et Breeze grogna. Cela devait faire environ deux jours qu'il n'avait pas mis la truffe ici, espérant sans doute ne plus avoir à y retourner, et trouver de la nourriture plus en surface. Mais, il devait se rendre à l'évidence : plus aucune bestiole ne souhaitait vivre dehors.
Et, au fond, il les comprenait un peu. L'air n'y était pas meilleur qu'en contre-bas, et le temps y était pesant et moite.
En-dessous, au moins, il faisait frais.

Un grignotement non loin de lui le fit s'arrêter net, et, les oreilles dressées,  il chercha du regard sa future proie.
Elle se tenait là, à quelques longueurs de queue du canidé, près d'une voiture cabossée, entrain de manger quelque chose.
Le jeune chien se mit en position du chasseur, le ventre presque collait au sol, le train-arrière légèrement relevé, sa queue fouettant l'air tranquillement.
Il se mit à avancer doucement, glissant sur le sol sans le moindre bruit, priant pour que la petite bête ne l'ai pas entendu.

Une brise fraîche vint plaquer le pelage foncé du canidé, alors que celui-ci progressait toujours vers son repas, dos à lui. Tout allait pour le mieux, jusqu'à ce qu'un bruit de métal ne se fasse entendre sur le sol dur du parking, faisant un vacarme assourdissant, le son amplifié par la répercussion sur les murs démolis. Le chien se figea, son oeil valide rivé sur sa proie. Le rat releva soudainement la tête, les sens aux aguets, et Breeze sut qu'il avait été démasqué. Alors, sans attendre, il se jeta sur le rongeur, lui attrapant l'arrière-train entre ses crocs, alors que sa proie avait tentée de s'enfuir.

Manque de chance, le rat ne semblait pas vraiment vouloir finir dans la gueule du canidé ; il se débattit donc avec une telle hargne, venant même griffer le museau de Breeze, que le chien le laissa tomber au sol. Lorsque son corps toucha terre, la bête émit un couinement plaintif.
Le choc de sa chute (de quelques centimètres de haut), l'avait légèrement étourdi, et Breeze coinça la queue du rongeur entre ses pattes, l'observant d'un oeil affamé.
Bientôt, ce serait la fin de la petite créature, et la survie du jeune chien.

La bestiole, apeurée, se mis à émettre des gémissements craintifs, mais ces bruits n'attendrirent même pas Breeze, qui, se léchant les babines, approcha dangereusement sa tête du corps menu de l'animal, qui sembla se résigner, au grand bonheur du chien, qui enfonça sauvagement ses crocs dans la nuque du rat, lui brisant la nuque.
Le rongeur pendait inerte dans la mâchoire du canidé, qui, victorieux, alla se caler dans un coin sombre du parking.
Laissant tomber sa proie à ses pattes, il se coucha confortablement, et savoura son premier repas depuis maintenant assez longtemps.
Un jappement de plaisir sorti de sa gorge, et il ne fit qu'une bouchée de son dîner.